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L’INFLUENCE DES MÉDIAS SOCIAUX SUR NOS COMPORTEMENTS ALIMENTAIRES

Avec Instagram, Facebook et TikTok, on n’aura jamais autant eu accès facilement à toutes sortes d’informations. Le domaine de la nutrition et de l’alimentation n’y fait pas exception! Littéralement à chaque seconde, une nouvelle recette ou une « théorie » nutritionnelle est partagée. Malgré que ces publications puissent être très inspirantes et divertissantes, la fiabilité du contenu laisse souvent à désirer…

Les « experts » auto-proclamés

Je ne vous apprends rien en vous disant que les médias sociaux sont inondés de « faux experts ». Dans bien des cas, les créateurs de contenu n’ont aucune formation professionnelle pour appuyer leurs propos. D’ailleurs, si vous désirez du contenu fiable en nutrition, suivez des diététistes-nutritionnistes, un titre protégé par notre ordre professionnel, et non des « spécialistes », « consultants », « coachs » ou « experts » en nutrition. Malheureusement, ce n’est pas toujours facile de distinguer les vrais experts des débutants, car l’acte de faire sa propre recherche sur le web confère aux gens une confiance supérieure dans leurs connaissances à celles apportées par un professionnel dans son domaine[1].

Il est facile d’admirer les influenceurs sociaux et de croire leurs propos parce qu’ils ont un large public et qu’ils sont perçus comme des experts dans leur domaine. Ils créent du contenu qui résonne avec leur public, et ils semblent fiables, dignes de confiance et authentiques. Hélas, c’est loin d’être toujours le cas. Quand des personnalités connues, comme la famille Kardashian ou Gwyneth Paltrow, partagent une information en nutrition, aussi farfelue qu’elle puisse être, bien des gens perdent leur sens critique. Or, il est impératif de se rappeler que pour de nombreux influenceurs, il s’agit d’un business très lucratif.

Voilà LE problème ou plutôt le danger. Même si l’information partagée par ces experts « auto-proclamés » n’est pas fiable ni exacte, les gens y croient. Et pire encore, plusieurs vont aller jusqu’à modifier à tort leurs habitudes alimentaires.

 

Les vidéos virales

C’est fou à quel point certaines tendances deviennent littéralement virales sur les réseaux sociaux. Du jour au lendemain, une vidéo ou un reel peut générer des millions de vues. Il y a 2 ans environ, vous vous rappelez peut-être de la tendance des Nature’s cereal? Dans cette vidéo de 48 secondes, l’influenceur @natures_food présente ce à quoi ressemblent des céréales à déjeuner pour lui : des arilles de grenade, des mûres et des bleuets, submergés d’eau de coco. Puis, il enchaîne en disant que ces « céréales de la nature » aident la digestion (exit la constipation!) et que ça lui donne tellement d’énergie qu’il pourrait littéralement courir un marathon!

Au moment d’écrire cet article, la vidéo a récolté plus de 6,8 millions de vues sur TikTok. Soyons clairs : le problème n’est pas la recette comme telle, mais plutôt la façon dont elle est présentée et le message qui est véhiculé. Primo, il ne s’agit absolument pas d’une « céréale » à déjeuner. Deuxio, il n’y a AUCUN problème à manger de vraies céréales pour le déjeuner. Tercio, un bol de fruits, ce n’est clairement pas un déjeuner équilibré ni suffisant pour bien nous soutenir. Et encore moins pour courir 42,2 km!

Que dire maintenant du Healthy Coke (ou Coke santé)? Une boisson faite d’eau pétillante et de vinaigre balsamique, qui a amassé plus de 6,7 millions de vues sur TikTok. Vous comprendrez que, premièrement, ça ne goûte pas le Coke, et deuxièmement, ça renforce la croyance que certains aliments sont « bons » et d’autres « mauvais ». Dans la même catégorie, citons le Low-carb sandwich, alias un « sandwich » où on a remplacé le pain par un poivron. À nouveau, le problème n’est pas la recette, mais plutôt le message. Dans ce cas-ci, on entretient la croyance que le pain, alias les glucides, est mauvais et engraissant pour la santé. D’ailleurs, un thème récurrent parmi ces vidéos est l’obsession d’être « mince » et en « santé ». On cherche à proposer mille et unes alternatives aux aliments qui peuvent être jugés malsains. Et bien souvent, les influenceurs vont se servir de leur silhouette mince ou musclée pour mieux « vendre » leur contenu.

 

Selon des chercheurs de l’Université de Aston en Angleterre, l’exposition répétée à des images d’aliments « socialement approuvés sur les médias sociaux », comme les vidéos virales de nourriture, influencerait l’apport alimentaire en termes de quantités[2]. Autrement dit, si un produit dont l’aspect « santé » est valorisé, nous serons portés à vouloir consommer des plus grandes quantités de cet aliment. C’est comme pour les produits allégés ; parce qu’ils sont moins riches en calories, les gens ont tendance à en manger plus.

 

L’obsession du mode de vie « santé »

Une autre tendance née du désir d’être en « santé » est le Fitspiration (mot-valise de Fitness et Inspiration). Les créateurs de contenu partagent donc leurs exercices préférés au gym, leurs marques de vêtements préférés, « What I Eat in a Day » (Qu’est-ce que je mange dans une journée), etc. Mais attention : les influenceurs peuvent partager une représentation déformée et irréaliste de leur vie et de leurs expériences. Des chercheurs de l’Université de Southampton au Royaume-Uni ont d’ailleurs conclu que, même si ce genre de contenu pouvait motiver les abonnés, il est souvent irréaliste, indigne de confiance, mais surtout, inatteignable. Les participants des études rapportaient vivre de la frustration et de la culpabilité, étant incapables d’atteindre cet idéal.[3] Résultat : ces attentes irréalistes ont des impacts négatifs sur l’estime de soi des abonnés.

 

En prendre et en laisser

Il n’y a pas que des inconvénient aux réseaux sociaux! Dans une perspective alimentaire, ils peuvent représenter une source d’inspiration culinaire incroyable. Ils nous permettent de découvrir de nouveaux aliments et de nouvelles recettes, pouvant augmenter nos connaissances et notre désir à cuisiner. Ils permettent aussi d’échanger des conseils culinaires et de connecter avec d’autres personnes partageant les mêmes intérêts en matière d’alimentation. Qui plus est, les réseaux sociaux peuvent aider à sensibiliser les gens aux avantages d’une alimentation saine et équilibrée en partageant des informations sur les bienfaits des aliments pour la santé. À nouveau, le défi, c’est d’être capable de séparer le vrai du faux, et de ne pas nuire à sa santé mentale et physique en adoptant des comportements malsains. Il importe donc d’adopter une approche critique face au contenu partagé sur les réseaux sociaux, et d’utiliser son propre jugement pour déterminer ce qui est précieux et pertinent pour nous.

Avant de penser à modifier votre alimentation ou votre façon de penser par rapport à celle-ci, assurez-vous que l’information vient d’un professionnel ou d’une personne crédible. Suivez une variété de sources d’informations et d’opinions, et pas seulement un seul influenceur. Soyez également conscient de l’impact que leur contenu et leur mode de vie peuvent avoir sur votre estime de soi et votre bien-être. Si vous ressentez de la pression ou de l’inconfort face à certains influenceurs, il serait certainement sage d’arrêter de les suivre. Et rappelez-vous que ce n’est pas un « one-size-fits-all »! Chaque corps est unique d’où l’importance de personnaliser vos habitudes de vie comme votre alimentation.

Vous cherchez des comptes de diététistes-nutritionnistes à suivre pour la qualité de leur contenu? Que ce soit pour des trucs pour manger plus intuitivement, des conseils en nutrition sportive ou de savoureuses recettes, ces filles sont géniales.

Au Québec :

@stephcote_nutritionniste

@van_nutritionniste

@sciencefourchette

@vanessaperronedietitian

@lesvegegourmandes

@gabt.nutritionsportive

Au Canada anglais :

@abbeyskitchen

@langernutrition

[1] “Searching for Explanations: How the Internet Inflates Estimates of Internal Knowledge;” Matthew Fisher, MA, Mariel K. Goddu, BA, and Frank C. Keil, PhD; Yale University; Journal of Experimental Psychology: General; online March 31, 2015.

[2] Hawkins, L., Farrow, C., & Thomas, J. M. (2021). Does exposure to socially endorsed food images on social media influence food intake?. Appetite165, 105424. https://doi.org/10.1016/j.appet.2021.105424

[3] Easton, S., Morton, K., Tappy, Z., Francis, D., & Dennison, L. (2018). Young People’s Experiences of Viewing the Fitspiration Social Media Trend: Qualitative Study. Journal of medical Internet research20(6), e219. https://doi.org/10.2196/jmir.9156

 

 

 

 

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