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Mon avis de nutritionniste sur le régime cétogène

Dans la vie en général, je n’aime pas dénoncer ni critiquer. Je crois que tout le monde a le droit à son opinion et de faire ce que bon lui semble. Cela dit, à titre de nutritionniste, c’est difficile de toujours rester silencieuse face à des propos erronés ou pire encore, à de l’information qui pourrait mettre en danger la santé des gens. Aujourd’hui, j’ai décidé de vous partager mon avis sur le régime cétogène. D’abord, parce que vous me l’avez demandé mais aussi, parce que cette façon de s’alimenter ne semble pas optimale pour diverses raisons.

L’origine du régime cétogène

Saviez-vous que le régime cétogène a été développé dans les années 1920 pour aider les enfants souffrant d’épilepsie? Depuis longtemps, on sait que le jeûne réduit la fréquence des crises d’épilepsie. Mais comme il n’est pas possible de jeûner de façon continue, les chercheurs ont trouvé une façon de reproduire cet état de jeûne, sans priver les enfants de nourriture. Il s’agit d’adopter une diète riche en lipides, adéquate en protéines et très faible en glucides, et qui permet notamment de produire des corps cétoniques, lesquels auraient un effet anticonvulsivant. Même si le fonctionnement exact du régime n’est pas encore complètement élucidé, il demeure quand même l’un des plus anciens traitements médicaux de l’épilepsie.

 

Que mangent les « kétos »?

En règle générale, la diète cétogène fournit moins de 10% de l’énergie sous forme de glucides, 15-20% de l’énergie sous forme de protéines et 75-80% de l’énergie sous forme de lipides. Par conséquent, le terme « cétogène » fait référence aux corps cétoniques que le corps produit lorsqu’il est privé de glucides. Par chance, le corps humain est une machine extraordinaire et peut faire des compromis, même si son carburant préféré demeure les glucides. C’est alors qu’il va se tourner vers les matières grasses provenant des aliments pour avoir de l’énergie. Plus précisément, la dégradation des gras fournit de l’acétyl-CoA que le foie converti en corps cétoniques, lesquels peuvent nourrir toutes les cellules, incluant celles du cerveau.

 

Maigrir en mangeant plus de gras?

Depuis quelques années, de nombreuses personnes se tournent vers le régime cétogène dans le but de maigrir et non pour traiter l’épilepsie. Il est difficile d’imaginer qu’on peut maigrir en mangeant beaucoup de fromages, de viandes et de saucisses, n’est-ce pas? Cela s’expliquerait par l’augmentation des corps cétoniques qui entraînent une diminution de la faim, laquelle amène à son tour une diminution des apports caloriques et donc, une perte de poids. Cela dit, il faut suivre à la lettre la diète cétogène si on désire atteindre l’effet de cétose.

 

Tout le contraire des recommandations « santé »!

Pour atteindre l’état de cétose, il faut donc limiter grandement les glucides. Concrètement, il ne faut pas consommer plus de 25 à 50 g de glucides par jour. Cette source d’énergie se trouve principalement dans les fruits et légumes, les grains entiers, les légumineuses et les produits laitiers. Imaginez! Il suffit de manger 125 ml de yogourt à la vanille (14 g de glucides) et 1 pomme moyenne (25 g de glucides) pour obtenir 39 g de glucides. Il s’agit donc d’une diète TRÈS restrictive.

Suivre la diète cétogène implique de se priver d’un grand nombre d’aliments fournissant des nutriments indispensables à une bonne santé, tels que des antioxydants, des fibres, des vitamines et des minéraux. C’est fou car toutes les recommandations internationales en matière de santé encouragent les gens à consommer plus de végétaux, soient des aliments fournissant des glucides. Le régime cétogène va donc à l’encontre de tous ces organismes internationaux faisant la promotion de la santé dont l’Organisation Mondiale de la santé (OMS), le Fonds Mondial de recherche contre le cancer, la Food and Drug Administration aux États-Unis et Santé Canada.

 

Saviez-vous que le cerveau est l’organe qui consomme le plus d’énergie chaque jour? Il utilise en moyenne 120 g de glucose (glucide) quotidiennement. Et comme le cerveau n’est pas en mesure de stocker de l’énergie, il dépend du glucose en circulation, qui vient de votre alimentation. Or, dès que le glucose chute dans la circulation (hypoglycémie), les neurones sont mal alimentés. Conséquences : baisse de l’énergie mentale, difficulté à se concentrer, faiblesse, irritabilité, etc.

 

Maigrir, mais à quel prix?

À court terme, la diète cétogène peut entraîner de la constipation, des nausées, des crampes musculaires et une haleine désagréable (odeur de cétone). On observe également de la diarrhée liée à la consommation excessive de gras, des maux de tête ainsi qu’une faiblesse générale étant donné le manque de glucides.

En ce qui concerne la perte de poids, des études ont démontré après un an une perte de poids légèrement plus grande (environ 2 kg) avec la diète cétogène qu’avec les régimes faibles en gras. Cela dit, les études de meilleure qualité n’ont pas démontré de différence. Il faut savoir qu’il est difficile d’étudier les impacts de la diète cétogène car les études recensées présentes plusieurs lacunes dont le manque d’uniformité dans la composition de la diète (certaines diètes fournissaient jusqu’à 125 g de glucides par jour!).

Qui plus est, ses effets à long terme ne sont pas encore connus. On sait qu’une alimentation saine riche en fruits et légumes variés et en grains entiers peut réduire les risques d’accident vasculaire cérébral, ainsi que les risque de développer des maladies cardiaques et certains types de cancers. À l’opposé, on sait que la carence en végétaux (et donc, en aliments riches en glucides), la surconsommation d’aliments riches en sucre et en gras, l’excès de viandes rouges et de charcuteries ou encore d’aliments très salés ont tous été associés à un risque accru de cancer. Je vous rappelle que le cancer est la principale cause de décès au Canada, responsable de 28,2 % de tous les décès, suivi des maladies du coeur (18,5%)[1].

 

La santé, c’est notre bien le plus précieux

Personne ne peut contredire qu’un mode de vie sain, incluant la pratique d’activités physiques régulières, est la base d’une bonne santé. Or, pour bouger, notre corps a besoin de carburant facilement accessible, soit des glucides. Je ne sais pas pour vous mais j’aime beaucoup trop la vie (et les fruits et légumes!) pour prendre la chance de mettre ma santé en danger. À nouveau, on ne connait pas les effets à long terme de la diète cétogène. Si vous voulez perdre du poids, sachez qu’il existe des façons beaucoup plus agréables, équilibrées, durables et non restrictives. Finalement, il est certainement légitime de se questionner sur l’impact de cette diète sur l’environnement. Comment consommer autant de produits animaux peut-il être gagnant pour la planète? Et qu’en est-il pour le porte-feuille?

Bonnes réflexions!

 

[1] Vue d’ensemble des statistiques sur le cancer (2019). Société canadienne du cancer. https://cancer.ca/fr/research/cancer-statistics/cancer-statistics-at-a-glance

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