D’entrée de jeu, il faut bien comprendre que l’objectif de n’importe quelle compagnie est de faire de l’argent. Or, pour nous convaincre d’acheter leur produit, les fabricants alimentaires doivent d’abord attirer notre attention pour se démarquer de la compétition. Et l’une des façons d’y arriver est d’employer des allégations et des mots « vendeurs ». Il importe donc d’être critique face à ce vocabulaire et de bien l’interpréter puisqu’il peut vite nous amener sur de fausses pistes. Qui plus est, pour connaître la réelle qualité d’un produit à l’épicerie, il importe de lire la liste des ingrédients et le tableau de la valeur nutritive.
Les allégations nutritionnelles
Dans un premier temps, les fabricants peuvent utiliser des allégations nutritionnelles classées en deux catégories : celles relatives à la teneur nutritive et les allégations santé (ex. réduction du risque de maladies). Facultatives, ces mentions sont soumises à des règles dictées par Santé Canada afin de s’assurer qu’elles demeurent véridiques et uniformes.
- Les allégations relatives à la teneur nutritive
Sans calories, source de calcium, contient des oméga-3, etc.
Ces allégations visent un seul nutriment à la fois. Elles sont utiles lorsqu’on souhaite augmenter ou réduire l’apport en un nutriment particulier. Pour bien les interpréter, il faut savoir faire la différence entre « source de », « bonne source de » et « excellente source de » puisque ces qualificatifs ne signifient pas la même chose. Par exemple, si l’allégation « Source de calcium » sur un yogourt à boire apparaît intéressante à première vue, elle ne signifie pas que le produit contient une quantité importante de calcium (il peut combler aussi peu que 5 % de la valeur quotidienne en calcium). Pour couvrir au moins 15 % des besoins quotidiens, ce qui est intéressant, mieux vaut rechercher les allégations « Bonne source de calcium » ou mieux encore, « Excellente source de calcium ». Et ceci est vrai pour tous les autres vitamines et minéraux.
« Source de » ou « Contient » :
Pour les vitamines et minéraux, l’aliment procure au moins 5 % de l’apport quotidien recommandé.
« Bonne source de » ou « Teneur élevée » :
L’aliment procure au moins 15 % de l’apport quotidien recommandé. Dans le cas de la vitamine C seulement, l’aliment doit combler au moins 30 % de l’apport recommandé.
« Excellente source de », « Teneur très élevée », « Très riche en » :
L’aliment procure au moins 25 % de l’apport quotidien recommandé. Dans le cas de la vitamine C seulement, l’aliment doit combler au moins 50 % de l’apport recommandé.
Première chose à retenir : ce type d’allégation ne nous renseigne pas sur le profil nutritionnel global de l’aliment. Ainsi, un craquelin pourrait afficher « sans gras trans », « fait de vrais légumes » et « sans sucre ajouté » et être très salé, ne contenir aucune fibre alimentaire et être bourré d’additifs, de colorants et d’agents de conservation. Voilà pourquoi la présence d’une ou de plusieurs allégations relatives à la teneur en nutriments n’est pas suffisante pour évaluer la qualité d’un produit. Comme on dit, il ne faut pas juger un livre à sa couverture!
- Les allégations santé
Sans entrer dans tous les détails, les allégations santé qui figurent sur les emballages regroupent les énoncés qui font le lien entre la consommation d’un aliment ou d’un ingrédient et la santé d’une personne. Par exemple : « Une alimentation saine pauvre en graisses saturées et en graisses trans peut réduire le risque de maladie du cœur. (Nom de l’aliment) ne contient pas de graisses saturées ni de graisses trans. ». Ou encore, « le psyllium favorise la régularité intestinale » ou « la vitamine A contribue au développement normal des os et des dents », ou encore « les protéines aident à la formation d’anticorps ». À nouveau, ces allégations, malgré qu’elles soient intéressantes, ne nous renseignent pas sur la globalité du produit.
Les autres appellations
Les fabricants peuvent avoir recours à d’autres mentions facultatives touchant plusieurs thèmes : l’origine du produit (ex. local, produit du Québec), la méthode de fabrication (ex. artisanal, naturel, élevé sans antibiotiques), la composition ou la qualité (ex. pur, vrai, authentique, frais, 50 % plus de fruits), la certification (ex. biologique, sans OGM, kascher, halal) et l’absence d’allergènes (ex. sans gluten, sans arachides). Bien qu’il existe des critères à respecter pour les utiliser, il y a plusieurs zones grises. Les mentions portant sur la composition ou sur la qualité et la méthode de fabrication d’un produit sont celles où il y a le plus de place à interprétation, donc celles pour lesquelles vous devez être le plus vigilant. Voici un exemple de mentions à prendre à la légère : le mot N A T U R E L.
Naturel : ce mot est probablement celui qui est le plus mal compris et le moins bien utilisé sur les emballages d’ici et d’ailleurs. Aux États-Unis, il n’y a pas de définition unique et claire d’un aliment « naturel ». Par conséquent, il est utilisé de façon abusive depuis une dizaine d’années, et cela a donné lieu à de nombreuses poursuites judiciaires. Chez nous, bien que l’Agence canadienne d’inspection des aliments ait établi une définition et mis en place des paramètres pour encadrer l’utilisation du mot « naturel », tous les acteurs de l’industrie ne s’entendent pas sur la définition proposée, si bien qu’il y a encore beaucoup de dérapages.
Et attention : un ingrédient peut être qualifié de « naturel » alors que l’aliment dans lequel il se trouve ne l’est pas. Prenons l’exemple d’une crème glacée à la vanille « naturelle ». Même si l’arôme est naturel, la crème glacée n’est pas naturelle puisqu’on lui a ajouté quelque chose. Qui plus est, la crème glacée pourrait contenir des substances laitières modifiées, du glucose, de la gomme de cellulose… ce qui en fait, encore une fois, un aliment qui n’est pas naturel. Le piège dans lequel nous tombons fréquemment est de considérer un produit comme meilleur pour notre santé juste parce que le mot « naturel » est affiché sur l’emballage. Trop souvent, c’est une illusion. Plus encore, selon un sondage mené en 2010 par la firme torontoise BrandSpark International auprès de 25 000 Canadiens, 45 % des consommateurs faisaient plus confiance aux aliments dits « naturels » qu’à ceux certifiés biologiques. La leçon à retenir : méfiez-vous du mot naturel!
Toute bonne vérité n’est pas bonne à dire!
En conclusion, retenez que même si ces informations sont véridiques, elles ne nous renseignent pas sur la qualité globale de l’aliment. Par conséquent, elles peuvent vite devenir trompeuses pour le consommateur pressé que nous sommes. La solution? Prenez quelques instants pour lire la liste des ingrédients, soit la meilleure source d’information pour juger la qualité d’un produit. Plus un aliment contient des ingrédients que vous retrouvez dans votre cuisine, plus il est gagnant pour votre santé.
Pour en savoir plus sur le marketing alimentaire et sur la lecture des étiquettes nutritionnelles, je vous invite à lire mon livre « LA JUNGLE ALIMENTAIRE, comment s’y retrouver ». Vous y trouverez tout le nécessaire pour découvrir la véritable valeur des aliments que vous achetez, et pas seulement ce que l’industrie tente de vous faire croire.