nutritionniste

MÉNOPAUSE, HORMONES ET POIDS : NAVIGUER À TRAVERS LE CHANGEMENT

La périménopause et la ménopause marquent une nouvelle étape de vie, un passage parfois complexe et rempli de questions. Comme nutritionniste et femme âgée de plus de 50 ans, j’ai eu la chance de côtoyer de nombreuses femmes qui ont partagé leurs doutes et leurs inquiétudes face aux changements qui s’opèrent dans leur corps, notamment la prise de poids. Si vous vous reconnaissez dans ces préoccupations, sachez que vous n’êtes pas seule. Il est tout à fait normal de se sentir dépassée, et la première étape est de mieux comprendre ce qui se passe.
Dans cet article, nous plongerons au cœur de la science pour démystifier le lien entre les hormones, le poids et la morphologie. L’objectif n’est pas de vous donner une solution miracle, mais de vous aider à mieux comprendre votre corps pour vivre cette transition avec plus de confiance et de sérénité.

La diminution des niveaux d’oestrogènes

1. Accumulation de graisse autour du ventre

L’un des changements les plus notables durant cette période est la diminution progressive des niveaux d’œstrogènes. Ces hormones jouent un rôle clé dans la régulation du métabolisme et la distribution des graisses dans le corps. Lorsque les niveaux d’œstrogènes baissent, le corps a tendance à stocker plus facilement les graisses, en particulier au niveau de l’abdomen[1]. Ainsi, contrairement aux femmes plus jeunes qui entreposent la graisse au niveau des hanches et des fesses, les femmes en période de ménopause vont plutôt stocker les cellules graisseuses au niveau du ventre, soit près des organes comme le foie, l’estomac et les intestins. 

Les chercheurs ont observé une augmentation accélérée de la graisse abdominale environ deux ans avant la dernière menstruation et se poursuivant après la ménopause, et ce, indépendamment du vieillissement chronologique[2].

2. Accumulation de la graisse autour du coeur

La diminution des œstrogènes pendant la ménopause a également été associée à une accumulation plus importante de la graisse autour du cœur, renforçant le lien entre les changements hormonaux, la distribution des graisses et le risque cardiovasculaire[3],[4]. L’accumulation de graisse abdominale et de graisse près du cœur, liée à la ménopause, contribue à un risque accru de maladies cardiovasculaires[5].

À noter que même en l’absence d’un gain de poids important, les études démontrent une augmentation significative de la graisse totale et de la graisse viscérale après la ménopause[6].

3. Changement au niveau de l’appétit

La diminution hormonale liée à la ménopause peut influencer la régulation de l’appétit et de la satiété. Certaines études suggèrent que de faibles niveaux d’œstrogènes peuvent perturber les signaux qui indiquent au cerveau que l’on est rassasié, ce qui peut entraîner une augmentation de la prise alimentaire[7],[8]

Par exemple, certaines études suggèrent que les fluctuations hormonales, en particulier la baisse des œstrogènes, étaient associées à des changements dans la perception de la faim et de la satiété chez certaines femmes. Une autre étude qui a suivi des femmes pendant cinq ans a constaté que le désir de manger, la faim et la consommation alimentaire potentielle augmentaient pendant la transition ménopausique et restaient à ce niveau plus élevé après la ménopause[9]. Bien que l’étude n’ait pas uniquement corrélé ces changements avec les niveaux d’œstrogènes, elle fournit des preuves longitudinales d’une altération de l’appétit pendant cette période de changements hormonaux. ll est crucial de noter que l’appétit est régulé par un réseau complexe d’hormones, de signaux nerveux et de facteurs psychologiques. Les changements d’œstrogènes interagissent avec ces autres systèmes, ce qui rend difficile l’isolement d’une relation de cause à effet directe.

Toutes les femmes ne vivent pas les mêmes changements d’appétit pendant la ménopause. La réponse individuelle aux fluctuations hormonales peut varier considérablement.

La perte de masse musculaire

Parallèlement aux changements hormonaux, la perte de masse musculaire, souvent associée au vieillissement et potentiellement accentuée par les changements hormonaux, contribue à un ralentissement du métabolisme de base. Un métabolisme plus lent signifie que le corps brûle moins de calories au repos, rendant la prise de poids plus aisée si l’apport calorique reste le même.

Le manque de sommeil et le stress

D’autres facteurs indirects peuvent également jouer un rôle. Les troubles du sommeil, fréquents durant cette période en raison des bouffées de chaleur, peuvent dérégler les hormones de l’appétit, favorisant les fringales. Le stress et les changements d’humeur, parfois liés aux fluctuations hormonales, peuvent également conduire à une alimentation émotionnelle et à des choix alimentaires moins sains.

Ces études nous permettent de mieux comprendre la façon dont les changements hormonaux qui surviennent pendant la transition ménopausique peuvent être associés à des modifications de l’appétit et des habitudes alimentaires chez certaines femmes. 

Le mot de la fin

Au-delà des chiffres sur la balance, l’important est de se sentir bien dans son corps. Même si ce n’est pas facile, on doit apprendre à accueillir cette nouvelle étape de vie avec bienveillance, en se rappelant que l’acceptation de soi et l’adoption de saines habitudes de vie sont les piliers les plus importants pour un bien-être durable. Je vous invite ainsi à revoir vos habitudes alimentaires en priorisant les végétaux, à prendre le temps de cuisiner et de savourer vos aliments, à intégrer une activité physique régulière à votre horaire hebdomadaire, incluant de la musculation. 

Le renforcement musculaire est important à tout âge, et particulièrement pendant et après la ménopause. En plus d’avoir un impact positif sur la santé globale, l’entraînement musculaire offre des bénéfices spécifiques qui peuvent nous aider à se sentir mieux dans notre corps au quotidien : augmentation du métabolisme, renforcement des os, amélioration de la posture et de l’équilibre. Et n’oublions pas l’effet positif sur la santé mentale de pratiquer une activité qui nous fait sourire.

Bouger et manger avec plaisir, c’est la vie !


[1] Karvonen-Gutierrez, C. A., Kim, K., Mancuso, J. P., Lee, S., Thurston, R. C., Appelhans, B. M., … & El Khoudary, S. R. (2019). Changes in body composition and weight during the menopause transition. JCI insight, 4(5), e124865.

[2] El Khoudary, S. R., Mancuso, J., Wellons, M., Lee, S., Barinas-Mitchell, E., Brooks, M. M., … & Karvonen-Gutierrez, C. A. (2021). Abdominal Visceral Adipose Tissue Over the Menopause Transition and Carotid Atherosclerosis: The SWAN Heart Study. Menopause, 28(6), 626-633.

[3] El Khoudary, S. R., Mancuso, J., Wellons, M., Lee, S., Barinas-Mitchell, E., Brooks, M. M., … & Karvonen-Gutierrez, C. A. (2021). Abdominal Visceral Adipose Tissue Over the Menopause Transition and Carotid Atherosclerosis: The SWAN Heart Study. Menopause, 28(6), 626-633.

[4] El Khoudary, S. R., Wright, C. M., Crandall, C. J., Crawford, S. L., Hayes, S. N., Thurston, R. C., … & Matthews, K. A. (2015). Cardiovascular Fat, Menopause, and Sex Hormones in Women: The SWAN Cardiovascular Fat Ancillary Study. Journal of the American Heart Association, 4(9), e002052.

[5] Study of Women’s Health Across the Nation (SWAN). Cardiovascular Risk & Heart Health in Women During and After Menopause. Consulté le 6 mai 2025, https://www.swanstudy.org/womens-health-info/cardiovascular-risk-and-heart-health-in-women-during-and-after-menopause/

[6] Karvonen-Gutierrez, C. A., Kim, K., Mancuso, J. P., Lee, S., Thurston, R. C., Appelhans, B. M., & El Khoudary, S. R. (2019). Changes in body composition and weight during the menopause transition. *JCI insight*, *4*(5), e124865. **DOI :** 10.1172/jci.insight.124865

[7] Burger, H. G., Hale, G. E., Robertson, D. M., & Dennerstein, L. (2007). A review of hormonal changes during the menopausal transition: focus on findings from the Melbourne Women’s Midlife Health Project. Human Reproduction Update13(6), 559-565

[8] Karvonen-Gutierrez, C. A., Kim, K., Mancuso, J. P., Lee, S., Thurston, R. C., Appelhans, B. M., … & El Khoudary, S. R. (2019). Changes in body composition and weight during the menopause transition. JCI insight, 4(5), e124865.

[9] Duval, K., Riou, M. E., Prud’homme, D., Rabasa-Lhoret, R., Strychar, I., Brochu, M., & Doucet, É. (2014). Effects of the Menopausal Transition on Dietary Intake and Appetite. A MONET Group Study. European Journal of Clinical Nutrition68(2), 271-276.

Dernières chroniques

32 recettes qui combinent santé et gourmandise !

Moins de sucre, plus de fibres et de protéines… des collations et des desserts soigneusement réfléchis pour le plaisir de manger sainement.